Disneyland hôtel : suite : suis je fou ?
Disneyland Hotel. Mainstreet Lounge.
Un jour comme un autre, au piano, du vert et du rose de la tête aux pieds comme la moquette (cf épisodes précédents ). Quelques « guests » passent, s’assoient, se lèvent, vont et viennent. J’improvise sur les morceaux qui me viennent à l’esprit, colorant ce qui se passe autour de moi, le piano s’apparentant à une palette aquarelle. Je joue du jazz, principalement. Et des thèmes Disney, (d’Isigny à l’origine ! Le saviez-vous ?). Répertoire immense déjà en 92. Je fais connaissance progressivement avec les nouveaux airs : ceux de La Belle et la Bête, je crois.
Ce jour là donc, à ce moment précis de l’après-midi entre en scène, dans ce grand salon qu’est le Mainstreet Lounge du Disneyland Hotel, une grande et jolie famille. De mémoire il devait y avoir six enfants de 4 à 10 ans environ. Les parents, peut-être une ou deux taties et cousins cousines, et deux nounous. Habillés comme si un tournage de Gone With The Wind, Autant En Emporte Le Vent, allait commencer. Les enfants itou. Une joyeuse équipée virevoltant à mes envolées. Les accents que j’impulse à ma valse se tournent en pensées vers Bill Evans, rien que ! Les deux nounous en crinoline incitent les enfants à occuper tout l’espace vide du salon. Et hop ! Le moment est délicieux. J’apprécie énormément que mes auditeurs se mettent à danser quand je joue. Cela me stimule.
Je pense que c’est la plus jeune qui est venue vers moi, à ma gauche, vers les aigus du piano. Une petite poupée de luxe. Cabotin comme je le suis, je me penche vers le haut du clavier pour enclencher le style boîte à musique. Essayant d’amuser ses cinq ans sans résultat… Son visage est étonnamment sérieux sinon grave.
Je ne me laisse pas désarçonner pour autant et enfourche ma litanie de plus belle. J’ajoute des mimiques de clown en allant encore plus haut dans les aigus. J’essaie de la faire rire sinon sourire. La gamine me dévisage en fronçant les sourcils cette fois. Houah ! Elle est coriace ! Et récalcitrante à mes facéties ! Nom d’un petit bonhomme. Finalement, je place un accord de conclusion, suspendant la cérémonie. Elle m’assène alors avec une voix venant presque d’outre tombe, du moins pas loin, un formidable et mémorable : « You’re mad !! », m’estomaquant jusqu’aux sourcils ! Welcome to the magic world !
Une des nounous, pas surprise du tout par ce qui s’était déroulé, prend par la main la gamine, et en un temps deux mouvements, tout le monde disparaît.
J’en rigole encore.
Un des thèmes que j’avais plaisir à jouer, au Mainstreet Lounge Disneyland Hotel : On the Sunny Side Of The Street